La riche histoire de Cordoue attire chaque année des juifs, des chrétiens et des musulmans qui ont le désir de retrouver leurs racines dans nos rues, nos places et nos monuments, comme la Mosquée-Cathédrale, le quartier juif, la synagogue ou l'ancien palais de Madinat al Zahra, témoins de l´Age d'Or qui fit de Cordoue l'une des villes les plus importantes d´Europe et de la Méditerranée.
En 1984, l'UNESCO a classé la Mosquée-Cathédrale dans sa liste de biens du Patrimoine Mondial et dix ans plus tard, en 1994 cette dénomination fut étendue à tout le quartier juif qui se trouve juste à coté. Ce prix a confirmé la condition universelle de notre ville où des visiteurs de diverses origines, que ce soit juifs, chrétiens ou musulmans trouvent aisément leur moi ancestral. Ce sera précisément ce « moi ancestral » la clé de lecture qui ouvrira leurs cœurs leur permettant de vivre une expérience inoubliable durant leurs visites guidées.
Durant la visite guidée au centre historique nous aurons l´occasion de commenter la vie d´andalous universels comme par exemple Averroès ( Ibn Rushd ou Ibn Rochd de Cordoue, en ابن رشد, Ibn Rushd ), Maïmonide Moshe ben Maïmon, RaMBaM, plus couramment connu en français sous le nom de Moïse Maïmonide ( הרב משה בן מימון )HaRav Moshé ben Maïmon ; أبو عمران موسى بن ميمون بن عبد الله القرطبي اليهودي Abou Imrane Moussa ibn Maïmoun ibn Abdallah al-Kourtoubi al-Yahoudi « Moïse fils de Maïmoun ibn Abdallah le cordouan juif »), Juda Halevi ou Rabbi Juda (Yehouda) ben Shmouel ibn Alhassan haLévi ( יהודה הלוי ), Abu Al-Qasim (أبو القاسم بن خلف بن العباس الزهراوي), connu en Occident sous le nom Abulcasis ou Albucasis, en France Aboulcassis, Imam Abu 'Abdullah Al-Qurtubi ( أبو عبدالله القرطبي) renommé par son commentaire du Coran « Tafsir al Qurtubí » ou le philosophe de l´époque romaine Sénèque.
La présence juive en Séfarade (nom donné par les juifs à la péninsule ibérique) est antérieure à celle des chrétiens et des musulmans. Leurs sentiments d´appartenance à la péninsule ibérique ont été tels qu`ils ont commencé à s`appeler « séfardites » bien avant que les espagnols commencent à s`appeler « espagnols ». Il s`agit d'une présence juive de presque quinze siècles, qui commença à l'époque de l´empire romain pour en terminer avec l'expulsion décrétée par les Rois Catholiques, Isabel et Ferdinand en 1492. L´âge d'or des juifs espagnols coincide avec la période de domination musulmane, notamment entre le 8ème et le 12ème siècle. Cordoue, étant la capitale du califat Omeyyad joua un rôle fondamental comme pôle d´attraction intellectuelle. Durant la visite guidée au quartier juif, autrement dit « judería », nous parcourrons toutes les étapes de l´histoire des séfardites pendant que nous nous perdrons dans ses ruelles étroites et sinueuses et ses petites places.
L´un des moments les plus intéressants de la visite est l´analyse que réalisera le guide touristique de la vague de répression qu´on souffert les « juifs convertis » de la part de l´Inquisition.
Nous nous trouverons dans les rues et places fréquentées par des intellectuels de la taille de Hasday Ibn Shaprut, Juda Halevi ou Maïmonide. Hasdaï ibn Shaprut (hébreu : חסדאי בן יצחק בן עזרא אבן שפרוט Hasdaï ben Yitzhak ben Ezra ibn Shaprut ; arabe : Abu Yussuf ibn Shaprut) fut le médecin du calife Abd al Rahman III et arriva à occuper une place importante à la cour en s´occupant des affaires étrangères du Califat. Juda Halevi fut médecin, philosophe et un des plus grands poètes de tous les temps.
La figure du philosophe, rabin et médecin Maïmonide, connu comme RaMBaM ou « le grand aigle » est si importante qu´elle va au-delà du monde juif. Auteur des livres comme le Moré Névoukhim (littéralement, « Guide des perplexes »), souvent traduit en Guide des égarés et Mishneh Torah (répétition de la Torah) aujourd´hui très utilisée dans toutes les « yeshiva » ou académies de la Torah du monde. Il vivra tout comme Juda Halevi dans l´Espagne du 12ème siécle, une période difficile sous la domination musulmane Almohade qui le poussera à l´exil. En Egypte, il deviendra médecin personnel du sultan Saladin.
Notre visite nous amènera finalement à la synagogue du 14ème siècle bâti en style mudejar quand Cordoue avait été conquise par les troupes chrétiennes de Ferdinand III, le Saint.
Le mot « synagogue » vient du grec « synagôgue » qui dérive à la fois du verbe « synago » dont la signification est « se réunir, se rencontrer ». En hébreux on dit « keneset » (réunion) ou « bet ha keneset », maison de réunion.
Nous pourrons identifier l´espace réservé à l'Arche d'Alliance qui abritait les rouleaux de la Torah et, dans le mur opposé, la niche où se trouvait la « bimah ». Le balcon qui se trouve sur la partie supérieure du mur sud s´appelle « azara », lieu réservé aux femmes pour la prière.
La salle de prière était richement ornée en style mudéjar avec des motifs géométriques, floreaux et épigraphiques en plâtre, pris majoritairement du livre des psaumes.
Après l´expulsion des juifs en 1492, la synagogue a été transformée en hôpital de santa Quiteria pour des personnes atteintes par la rage et plus tard au 16ème siècle , l´hermitage de saint Crispin et saint Crispiniano. Au fil des années, l´ancienne synagogue est tombée dans l´oubli, personne se rappelait qu´elle avait été une synagogue (au 18ème siècle ses murs avaient été revêtus de plâtre cachant les textes hébreux). Au 19ème siècle, quand ce lieu était une école pour enfants, on a découvert qu`elle avait été une synagogue et a été déclarée Monument National.
Le mot « mosquée » vient de l'arabe « masjid ».
Pendant la visite guidée de la mosquée-cathédrale, même si il est vrai que nous les guides touristiques nous optons pour suivre un ordre chronologique, nous ferons aussi des sauts en avant et des sauts en arrière qui rendront la visite plus enrichissante.
La visite guidée de ce monument si singulier, ancienne mosquée de Cordoue transformée en cathédrale en 1236, commencera au VIe siècle apr. J.C. avec la construction de la basilique wisigothe de Saint Vincent.
Avec l´arrivée des musulmans au début du VIII e siècle ap J.C., l'ensemble de saint Vincent sera l´objet d'un usage partagé entre les deux religions. Cependant, quelques décennies plus tard, à cause de l'augmentation de la population de Cordoue, l'emir Abd al Rahman I ou Abd Ar-Rahman ibn Mu’awiya ibn Hisham ibn Abd al-Malik عبدالرحمن بن معاوية بن هشام بن عبد الملك autrement dit al-Dājil الداخل ou « l'émigré » a décidé d'acheter la partie chrétiènne dans le but d'édifier une mosquée à sa place.
Abd al Rahman I, qui appartenait à la dynastie des Omeyyades بنو أمية banū umayya ou الأمويون al-umawiyyūn, a réussi à échapper à la tuerie de toute sa famille. Ici, dans les confins occidentaux de l´islam, il a réussi à créer un Emirat Umeyyad indépendant, ayant comme capitale Cordoue Qurtuba ( قرطبة).
Trente-six ans plus tard, durant la première moitié du IX e siècle, son arrière petit-fils a ordonné le premier agrandissement de la mosquée à cause de l´augmentation de la population de Cordoue. Ce fut une période prospère et de renouvellement intellectuel. On peut rappeler l'arrivée depuis Bagdad à la cour d'Abd al Rahman II de Abu l-Hasan Ali ibn Nafi` أبو الحسن علي ابن نافع ,dit Ziryab (زرياب, «Merle»), poète, musicien, chanteur, spécialiste de mode et de gastronomie. Avec cet agrandissement la mosquée a doublé sa capacité d´accueil jusqu`à 10000 fidèles.
Le suivant agrandissement de la mosquée a été l´œuvre du calife al Hakam (al Hakam II “al Mustansir bi-l-lah” الحكم بن عبد الرحمن, o al-Ḥakam ibn ʿAbd ar-Raḥmān) dût encore une fois à l'augmentation de la population de Cordoue. Calife intellectuel et pieu, a fondé une bibliothèque sans égale en occident et en cohérence avec son caractère religieux, le jour suivant sa montée au trône, il a ordonné à son premier ministre l'eunuque Ya´far ibn Abd al Rahman l'agrandissement de la mosquée. Cet agrandissement est le plus beau de tous, ici il n`y a pas eu de recyclage de matériaux, ce qui le différencie des étapes antérieures. Ses quatre coupôles (qubbat) créaient un important jet de lumière qui éclairait la Maqsura ou espace réservé à la prière du calife et à son entourage. Au fond et comme couronnement à cet agrandissemnent nous pourons admirer le mihrab (niche qui nous indique la direction de La Mecque) avec ses riches mosaïques byzantines, offert par l'empereur byzantin. Avec cet agrandissement la mosquée atteint une capacité d'accueil de 15700 fidèles.
Le dernier agrandissement n´a pas êté bâti sous les ordres d´un souverain Omeyyade sinon par un dictateur, le puissant premier ministre al Muhammad ibn Abi Aamir أبو عامر محمد بن أبي عامر ابن عبد الله المعافري al Mansur المنصور qui a profité de la jeunesse du troisième calife Hisham II pour accéder au pouvoir. Cet agrandissement fut un geste de propagande politique où il a apporté plus d'importance à la quantité qu´à la qualité. En effet, avec cet agrandissement nous passons de 15700 à 40000 fidèles. Ici, on peut souligner la grande quantité de signatures des maîtres d'œuvres qualifiés d´origine musulmane, chrétienne et même juive, qui ont participés à la construction, comme on peut le voir dans les modèles en plâtre qu`il y a à la sortie du trésor de la cathédrale.
La dernière partie de la visite se centrera autour de la construction de la Chapelle Majeure, du Transept et de la Nef du Chœur terminée en 1607. Comme on va le voir, la Chapelle Majeure n´a pas toujours été au centre. Durant le Moyen-Âge depuis la conquête de Cordoue par Ferdinand III au XIIIème siècle jusqu`au XVIIème siècle, la Chapelle Majeure se trouvait « au coin de l'église » comme disaient les textes historiques de la période. Le déplacement de la Chapelle Majeure au centre de la cathédrale donnera lieu a une confrontation entre l'évêque et la mairie, de telles dimensions que l'empereur Charles V lui-même a dût faire le médiateur pour résoudre le conflit.
En raison de sa longue durée de construction, nous pouvons apprécier une grande diversité de styles artistiques : mudejar, gothique, renaissance et barroque. Les maîtres d'œuvres qui y ont participés furent : Hernan Ruiz I, Hernan Ruiz II et Juan de Ochoa.
On peut souligner les chaises du chœur du XVIIIème siècle, œuvre de Pedro Duque Cornejo, faites en bois d'acajou des Antilles. Le programme iconographique tourne autour de la vie de Jésus, de la Vierge Marie et des martyrs cordouens.
Madīnat az-Zahrā , مدينة الزهراء candidate espagnole 2018 au patrimoine mondial de l´UNESCO signifie la ville brillante. Pour une parfaite compréhension de l'époque musulmane, la visite de l'ancienne mosquée de Cordoue (symbole religieux de la dynastie Omeyyade) devrait être completée par la visite au site archéologique de Medina Azahara (symbole politique des Omeyyades) qui se trouve à 5,5km de Cordoue.
Mon nom est Rafael Jesús Álvarez Córdoba. Je possède la licence de guide officiel de la région d'Andalousie pour exercer l'activité de guide touristique en espagnol, en anglais, en français et en italien (Lic..nº 1111). Mon expérience dans le domaine de l'interprétation du patrimoine et de la connaissance approfondie de l'héritage musulman et juif de Cordoue sont des ingrédients fondamentaux pour que d'une manière détaillée mais agréable, le visiteur puisse profiter d´une expérience inoubliable.
Durant mes visites privées personalisées, les visiteurs auront la possibilité d'interagir avec moi et avec les lieux que nous visiterons d'une manière paisible.
Mon souhait est de partager avec vous l'amour et les connaissances que j`ai autour de l'héritage musulman et juif de Cordoue de manière à ce que vous souhaitiez revenir nous voir.